Serait-ce le dernier moment pour profiter de taux d’emprunt attractifs ? En novembre, les courtiers en crédit immobilier notent une légère remontée des taux, accompagnée d’un durcissement des critères d’octroi de prêt, dans quelques banques régionales et nationales. Rien d’alarmant, puisque les hausses s’échelonnent entre 0,05% et 0,20%. Les taux moyens ne sont pas encore impactés et restent globalement stables, autour de 1,30% sur 15 ans, 1,50% sur 20 ans et 1,70% sur 25 ans. Reste que cette légère hausse est une première depuis le premier trimestre 2017.
Pour l’heure, les augmentations observées ne concernent que certaines durées et profils d’emprunteurs, notamment les primo-accédants, les revenus inférieurs à 30.000 euros annuels et les durées de prêt supérieures à 25 ans. Les autres profils d’emprunteurs continuent, quant à eux, de profiter de décotes importantes. Comment expliquer cette différence soudaine de traitement ? “Les banques ont accordé énormément de crédits en 2018, à des taux très bas. Elles ont donc réduit leurs marges. En cette fin d’année, elles ont pour beaucoup rempli leurs objectifs de production et se permettent donc d’être plus restrictives sur les profils jugés moins rentables, tout en continuant de chouchouter les très bons profils d’emprunteurs qu’elles veulent capter”. “Il ne s’agit pas d’un mouvement de fond mais bien d’un réajustement de la marge des banques en cette fin d’année, leurs objectifs ayant été atteints”, résume Maël Bernier.
Reste à savoir si cette tendance se confirmera en 2019. Autrement dit, les emprunteurs les plus fragiles doivent-ils se dépêcher d’emprunter afin d’anticiper une prochaine hausse globale des taux ? Pas si sûr… De fait, les crédits accordés en ce mois de novembre ne seront en réalité débloqués qu’en début d’année prochaine et rentreront dans la production de 2019. “Le durcissement des conditions de crédit ne devraient pas durer, dans la mesure où les banques vont bientôt remettre les compteurs à zéro”, conclut Sandrine Allonier. Et si d’aventure, la remontée devait effectivement se confirmer, celle-ci pourrait même déclencher soudainement les achats des attentistes… et provoquer une nouvelle baisse généralisée. Un phénomène qui s’était déjà produit au début 2017, année de tous les records, après une légère hausse des taux d’emprunt, à la fin 2016.